Adrien Lelièvre
La société, qui permet aux salariés de payer leurs titres- restaurant ou leurs services de mobilité, s’adosse à la banque française.
Worklife va changer de monde. La start-up française spécialisée dans les avantages salariés a été rachetée par Crédit Agricole SA, pour un montant non communiqué. Selon nos informations, le montant se compterait en « dizaines de millions d’euros ». L’opération financière va se dérouler en deux étapes. La banque a pris le contrôle des deux tiers du capital de la jeune pousse. Dans quatre ans, l’entreprise rachètera le tiers restant aux fondateurs, qui restent aux commandes et sont incités financièrement en fonction du développement et des performances de la start-up.
Worklife a été fondé en 2020 par Benjamin Suchar, qui dirigeait Yoopies, une plateforme d’aide à domicile (garde d’enfants, soutien scolaire, aide à domicile, etc.) et qui a voulu lancer en parallèle un projet dédié aux avantages salariés.
Il y a trois ans, la start-up a levé 2,5 millions d’euros auprès de XAnge et Runa Capital, qui sortent de la table de capitalisation à l’occasion de cette opération. Ces fonds de capital-risque connaissaient bien Benjamin Suchar, puisqu’ils avaient déjà investi dans Yoopies en 2017.
Marché encombré
Le marché des avantages salariés est dominé par des grands groupes (Edenred, Sodexo, Up) mais il est aussi labouré par des start-up qui, souvent, démarrent par une verticale qui, souvent, démarrent par une verticale.Swile, qui a racheté Bimpli (filiale du groupe BPCE), s’est fait un nom dans le titre-restaurant, où il est en concurrence avec Open ! Eat et May (filiale de Up) ; Betterway s’attaque à la mobilité durable, Kobi au sport en entreprise.
A l’inverse, Worklife a une vision à 360°. « Notre singularité, c’est que nous proposons tous les avantages salariés sur la même carte », observe Benjamin Suchar. Dans le détail, les utilisateurs de la fintech peuvent payer des titres-restaurant, des services à la personne, leurs solutions de transport, etc. « Cette approche groupée est préférable côté entreprises comme coté employé », juge Laurent Darmon, le directeur des nouvelles activités de Crédit Agricole SA, qui indique avoir été séduit par la traction commerciale de Worklife. La jeune pousse affirme avoir séduit plus de 150 entreprises, notamment des grands comptes (Saint-Gobain, Amazon, Adecco, etc.). Autre spécificité : Worklife propose un bilan social individualisé disponible chaque mois sur son application. Celle-ci centralise ce que perçoit le collaborateur, qu’il s’agisse des avantages financiers ou non-financiers. « Les avantages salariés sont très importants pour la marque employeur. Cela permet aussi de fidéliser les employés », observe Benjamin Suchar.
Un « choix industriel »
Avec ce rachat, Crédit Agricole SA défriche de nouveaux territoires, pour compléter ses offres en matière d’épargne salariale et de retraite ou d’assurance santé collective pour les employés. Ce rapprochement est un « vrai choix industriel », commente Benjamin Suchar, qui assure ne pas avoir vendu sa start-up par défaut, dans un contexte où il est plus difficile pour les jeunes pousses de lever des fonds.
« Il y avait un autre acteur financier intéressé », glisse Laurent Darmon. Au sein du Crédit Agricole SA, Worklife va disposer de moyens financiers supplémentaires pour se développer et profitera du réseau de la banque pour être distribué par ses commerciaux. Une première expérience a été lancée dans la zone Brie-Picardie et a vocation à s’élargir dans tout le pays.