Edouard Lederer

Les réseaux français de BNP Paribas et de Société Générale font partie des points faibles du premier trimestre pour les deux groupes.

C’est un des points faibles du trimestre pour BNP Paribas comme pour Société Générale, qui viennent de dévoiler leurs résultats : les activités françaises de banque de détail des deux grandes banques cotées n’ont pas brillé avec, sur le plan arithmétique, un cocktail proche : des revenus en baisse et des dépenses en légère hausse.

La crise sanitaire n’est pas pour rien dans ces évolutions. Mais cette évolution touche ces dernières années l’ensemble des enseignes : selon une étude du cabinet Alvarez & Marsal publiée jeudi, les revenus (PNB) des banques de détail françaises ont décliné de 1,2 % par an entre 2015 et 2020, alors que, dans le même temps, le total des actifs progressait en moyenne de 6,5 % par an. « On observe une forte hausse des volumes de crédit, mais sans hausse des revenus, car les marges d’intérêt restent faibles, et les commissions n’ont été qu’un amortisseur à ce phénomène. Dans le même temps la base de coût est restée élevée », commente Mark Bennett, directeur senior chez Alvarez & Marsal.

Mesure clé de la rentabilité, le coefficient d’exploitation (qui rapporte les charges aux revenus) tend à se dégrader. « Il y a dix ans, on pensait qu’un coefficient d’exploitation supérieur à 65 %, c’était intenable. Aujourd’hui, on s’est habitué à ce qu’il tourne en moyenne autour de 70 % », reprend Mark Bennett.

Autre risque émergent : le coût du risque a augmenté l’an dernier, tout en restant faible à l’échelle des bilans des banques françaises. L’avenir dira – à mesure que les Etats retireront leur soutien à l’économie -si les banques devront, ou pas, passer encore de nouvelles provisions. Avec de coûteux chantiers de digitalisation en cours, les banques vont sans doute devoir couper davantage dans les dépenses. « On ne bouge pas pour le moment, mais en fonction des évolutions, il se peut que l’on actionne des plans d’économie », explique un banquier français.

Erosion des effectifs

« La base de coûts d’une banque, c’est à 60 % les frais de personnel. Avec un pacte social très fort dans ce métier, dominé par les banques mutualistes, de simples plans d’économies ne suffisent pas à diminuer suffisamment les charges. La question est donc de savoir si les banques vont devoir ajuster ce pacte social et, si oui, à quelle échéance », souligne Nicolas Taufflieb, managing director chez Alvarez & Marsal. Entre 2012 et 2019, les effectifs du secteur dans la banque de détail sont passés de 208.000 à 192.000. Une érosion qui reste bien inférieure à ce qui s’est produit ailleurs en Europe. Parmi les autres pistes, les banques françaises pourraient aussi céder davantage de portefeuilles de crédits douteux, une pratique plutôt rare en France, à la différence de l’Italie, par exemple. Une diminution du nombre d’agences pourrait aussi être au menu – à l’image des six cents fermetures annoncées dans le cadre de la fusion des réseaux de Crédit du Nord et de Société Générale. Mais ces points de vente restent essentiels pour les clients, selon une enquête Colombus Consulting avec OpinionWay.

« La baisse de fréquentation des agences pendant le confinement n’a été que de 13 %. A l’avenir, nous avons même 61 % des clients qui pensent que leur fréquentation en agence restera stable. Cela veut dire qu’elles demeurent un vrai canal d’interaction, et que la question de fond est de savoir pourquoi on se rend en agence », explique Guillaume Larmaraud, associé chez Colombus Consulting.